15 mars 2009

GENEALOGIE ARCHAMBEAUD - 4 - AU 19° SIECLE

Auteur : Edouard Archambeaud vers 1970 - Les notes numérotées sont de l'auteur, les notes en petit caractère et en italique sont de moi.



A la fin des guerres de l'Empire, au terme d'une période d'isolement marquée dans l'Océan Indien par une intense guerre de course à laquelle beaucoup d'habitants prirent part, la période héroïque de Bourbon était terminée.


Les communications avec la métropole devenaient de plus en plus faciles et fréquentes et permettaient la venue dans l'île d'éléments nouveaux. C'est ainsi qu'un commis de la marine, Edouard Charles Marie Le Coq, né à Concarneau, fils d'Urbin Le Coq et d'Antoinette de Malherbe, qui était en service à Brest, fut nommé à La Réunion, et, après une traversée de 4 mois à bord de "l'Héroïne" s'installa à Saint Denis en 1841. Il avait déjà navigué car, à bord du brick-aviso "La Badine", il avait, de 1837 à 1840, fait les côtes d'Espagne et de Méditerranée, et avait participé au blocus de Buenos-Ayres.


Par ailleurs, en 1792, un certain Jean-Baptiste Dugand, commerçant, s'était embarqué à Lorient sur le vaisseau "L'Adolphe" pour l'Océan Indien. De l'Ile de France, il avait été s'établir aux îles Seychelles où il parait avoir prospéré. Il s'était marié à l'Ile de France ou aux Seychelles, à Marie-Aimée Muller et en avait eu deux enfants. A sa mort, en 1834, sa femme vint habiter Saint Denis de La Réunion avec son fils et sa fille âgés de 10 à 12 ans. En 1845 la conjonction se fit et le commis de marine Edouard Le Coq épousa la charmante Marie-Aimée Dugand qui avait 21 ans. Le contre-Amiral Bazoche, gouverneur de Bourbon, appréciait cette union en ces termes :

"Cette union m'a paru avantageuse pour Monsieur Le Coq et réunir toutes les convenances. La jeune personne a été fort bien élevée et sa mère, qui a de la fortune, lui a constitué une dot de 30.000 francs."


La dot mise à part, la fiancée était certainement pleine de séduction si l'on en croit une miniature conservée par notre cousine Georgette Savin.


Le ménage eut deux fils et trois filles de 1843 à 1854 et fut nommé à Pondichéry. Depuis 1857 Edouard Le Coq demandait à être rapatrié : il avait perdu un de ses fils, la santé de sa femme et d'une de ses filles était précaire. Rien n'y fit, il dut suivre sa destination et ne rentra en France qu'en 1859, après 18 ans de service aux colonies. A l'époque, les Directions du Personnel n'étaient pas tendres. Edouard Le Coq prit sa retraite en 1864 et mourut à Niort à 61 ans.


Il laissait un fils, Professeur à la faculté de Bordeaux, père de toute la famille Le Coq de Kerland, et trois filles - surnommées les trois poulettes - qui épousèrent respectivement Joseph Savin, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Maurice Salesse, magistrat et Gustave Cothereau, sous-préfet dont la fille devait épouser le Capitaine de Vaisseau Lesquivit, votre grand-père.


Edouard Le Coq et Aimée Dugand à Saint Denis, Louis François Edouard Archambeaud et Lucinde Léger à Saint Paul n'étaient qu'à quelques kilomètres les uns des autres quand, en 1852, Lucinde Léger y mourut d'une gave épidémie de variole qui n'atteignit pas la famille Le Coq.
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L'abolition de l'esclavage, en 1848, modifia considérablement la vie des familles de Bourbon et les obligea à sortir des solutions de facilité et à réaliser un effort personnel.

En ce qui nous concerne la réaction parait avoir été bonne puisque, à la génération de mon père, entre 1890 et 1900, sur 8 cousins germains portant le nom d'Archambeaud, on comptait un Polytechnicien, 2 Centraliens, 1 Saint-Cyrien et 1 médecin qui fut maire de Saint Pierre et député de La Réunion.

Le député Augustin fut une célébrité locale et une rue de Saint Pierre porte son nom (comme il y a une rue Henri Cothereau à Airvault dans les Deux-Sèvres). Il avait épousé Zélie Le Coat de Kerveguen d'une famille bretonne émigrée à Bourbon à la Révolution. Le père Kerveguen, riche propriétaire et financier adroit, avait tenu la vedette assez longtemps à Bourbon, y créant même une monnaie - le kerveguen - basée sur le thaler autrichien qui eut cours de fait pendant quelques années.

Le saint-cyrien, Georges, était le grand ami de mon père. Mes parents étaient à l'origine de son mariage avec Anne Rigoine de Fougerolles, d'une famille bourguignonne fixée à La Trinité sur Mer. Leurs enfants sont mes cousins Henri, directeur à la Banque de France et Guy, Colonel d'Infanterie. Il fut tué le 22 avril 1914 à la bataille de Charleroi en chargeant à la tête de sa compagnie.

Je n'ai rien su des deux centraliens qui ont exercé une activité commerciale à Bourbon et sont morts célibataires.

Enfin mon père, entré à l'X en 1889 fut Officier d'artillerie mais eut sa carrière interrompue par une grave maladie, à la veille de la guerre de 1914, après des débuts brillants : Ecole de guerre et missions au Sénégal et en Algérie.

Au milieu des déchirements de l'affaire Dreyfus, il avait, jeune lieutenant d'artillerie, épousé ma mère à Rennes en 1897.
Bien que ma mère fut la fille d'un notaire de Mamers (Sarthe), par ce mariage les Archambeaud retrouvaient une hérédité paysanne.

La famille de son père, les Govazé, peut être localisée depuis 1650 entre la Sarthe et la Vègre, dans le triangle Brulon, Avoise, Noyen-sur-Sarthe. Partis de Brulon, chaque mariage ne leur faisait pas faire plus de 20 kilomètres d'une paroisse à la suivante. On peut évoquer le souvenir de ces paysans travailleurs à la belle métairie des Hamardières (près de Chevillé), au hameau de Hierray, à Avoise, et dans la charmante petite église de Tassé où furent baptisés, mariés et enterrés plusieurs d'entre eux.

La femme du notaire Govazé était une Chevrolais. Ceux-ci venaient également de la terre tant par les Chevrolais eux-mêmes qui étaient de Saint Aubin d'Aubigné que par les Brindejonc qui étaient de la région d'Evran, à la limite des Côtes du Nord.

Ma grand-mère, Louise Govazé-Chevrolais, habitait une vieille maison de Rennes, 8, rue de Coëtquen, où sa mère Anne Brindejonc avait elle aussi vécu. Elle possédait aux environs de Rennes une ferme et une petite propriété La Guilbonnais où nous passions les vacances. Les fermiers de ma jeunesse, devenus propriétaires, y sont encore.

Madame Anne Brindejonc, qui avait perdu son mari alors qu'elle était encore jeune et s'était remariée avec un Schwerer, est à l'origne de notre parenté avec la famille de l'Amiral Antoine Schwerer avec qui nous étions très liés et qui guida mes premiers pas dans la Marine. Son beau-frère le capitaine de vaisseau Le Troter, époux de Césarée Schwerer, était mon parrain.

Des souvenirs personnels concernant la vie de mes parents ou la mienne exigeraient un autre cadre ou un autre genre. Ce travail de recherche familiale s'arrêtera donc ici.

Malgré ses lacunes et ses imperfections évidentes, il permet semble-t-il, par delà les cas particuliers, d'analyser les origines d'une famille française. D'une famille comme les autres, qui n'a pas besoin de remonter bien loin pour retrouver la vieille terre de nos campagnes, dans la Charente, la Sarthe et l'Ille et Vilaine, comme dans le Poitou ou en Bretagne. Sans doute serions-nous retés dans ce cadre sans l'aventure de François Archambeaud et son échappée vers le grand large.


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BIBLIOGRAPHIE (des quatre chapitres)

Chap. I : Bourg-Charente
Registre d'état-civil de la mairie de Bourg-Charente (3 volumes 1632-1700, 1700-1740, 1740-1770 et plus récents). Collection plus complète que celle des Archives Départementales.
Registre d'éEtat-civil de Jarnac-Champagne (commençant en 1612)
Registres de Rochefort - Paroisse St Louis
Bibliothèque du protestantisem 54, rue des Saints Pères.
Archives Nationales T T 69 (Jean Archambeaud, religionnaire fugitif)
Minutes notariales de Me Bonnin et Me Tallon (Bourg-Charente) aux archives départementales.

Chap. II : François Archambeaud
Archives Nationales
Colonies C2 174 - 187 - 188 - 189 Ambassade Tippou Sahib
B 195 - 214 - 215 - 218 - 219 - 225 - 235 Correspondance
Marine Série BB4 (Campagnes Inde, Océan Indien)
1 - 2 - 4 - 7 - 86 - 110 - 117 - 129
Série CC2 Officiers de santé
Série C6 Rôle d'équipage
624 Le Guerrier
733 Le Sphinx
1273 L'Aurore
Archives de la Marine (av. Oct. Gréard)
61 G 50 - 45 G 81 - 21 G 16 articles de revue sur l'Ambassade de Tippou Sahib
Mairie de St Jean d'Angely
Registre d'état-civil
Histoire de la Marine : Edition de l'Illustration
Tome I, page 201 - L'Aurore

Chap. III : Bourbon
R.P. Ba rrasin : Bourbon des origines à 1714 (Imprimerie Cazal à St Denis)
Contient une mine de renseignements sur divers membres de notre famille. La plupart des renseignements utilisés par ce travail en proviennent directement ou indirectement.

Recueil trimestriel de Documents et Travaux inédits pour servir à l'histoire des Mascareignes françaises, Tomes I (1902) à VIII ( 1949) (Bibliothèque de la France d'Outre-Mer, rue Oudinot).

Recueil de Documents et Travaux inédits pour servir à l'histoire de La Réunion : nouvelle série 4 volumes de 1954 à 1960 (Bibliothèque de la France d'Outre-Mer). Documents publiés sous l'égide du Service des Archives de La Réunion.

Document Antoine Boucher (appréciation sur les membres de la colonie en 1710). Archives France d'Outre-Mer G1 508 - Recensement 1710 (carton).

Bibliothèque Nationale - Département Manuscrits - Nouvelles acquisitions françaises 9346 - collection Margry.

Regnault de Beaucaron : Mémorial généalogique - Biblio. Nat. 8°LM3 3336

Revue bleue 1929 - 1er semestre - André Cozamian p.17

Regnault de Beaucaron : Souvenirs anecdotiques et historiques. Biblio. Nat. 8°LM3 393

Gruet : Les origines de l'Ile Bourbon. Biblio. Nat. 8°LK11 340bis

Vinaut Boyer de la Giroday : Descendance de Françoise Chatelain

F. Lacaze : La rivière du Bernica et l'étang de Saint Paul. Biblio. Nat. 8° LK11 178

Dr H. Lacaze : L'Ile Bourbon. Biblio. Nat. 8°LK11 265

Voyages anciens à l'Ile Bourbon par Albert Longnon (sous le signe de la Tortue) 1611 - 1725

Procès de Firelis, Robert Duhal et autres procès de 1697 - Archives départementales de l'Ille et Vilaine C 2619 et 2620 et Série B Parlement, Registre d'Ec.

Journal de Rouen 12 septembre 1929 et 17 septembre 29 (se réfrant à [un] travail [de] André Cozamian dans la revue Bleue sur Jacques Léger)

Ministère de la France d'Outre-Mer (rue Oudinot) Registre d'état-civil de la Réunion (en particulier St Paul) Recensement de la population de Bourbon (très intéressant car les esclaves et la production y figurent parfois). Registre des Concessions.