07 février 2006

GENEALOGIE ARCHAMBEAUD - 1 - BOURG-CHARENTE

Auteur : Edouard Archambeaud vers 1970 - Les notes numérotées sont de l'auteur, les notes en petit caractère et en italique sont de moi.

Bourg-Charente, petite agglomération de 700 habitants, située entre Cognac et Jarnac, respire encore le calme et la paix. Dominée sur la rive droite de la rivière par un château Renaissance et sur la rive gauche par une église romane du XIIème siècle, elle paraît avoir pour origine un mouillage - le vieux quartier s'appelle le Port - qui servait aux gabarres naviguant sur la Charente. Celle-ci a été autrefois un axe de communication vivant. Sous Colbert, Rochefort devint un grand port de guerre. A partir du XVIIlème siècle, époque de la création de la fonderie de Ruelle, les canons de marine descendaient la rivière sur des gabarres halées par des chevaux, jusqu'à Rochefort où les vaisseaux étaient armés ; ce trafic cessa après la guerre de 1914, alors que les navires de leur côté désertaient le port envasé de Rochefort. A Bourg-Charente aujourd'hui, le chemin de halage a disparu sous les herbes folles et la rivière a cessé d'être une source de vie.

C'est là que vivait, vers 1620 - 1630, un François Archambeaud, époux de Jeanne Couprie. Etait-il né dans ce village, on l'ignore, les actes paroissiaux ne remontant pas avant 1632. Il est certain que le nom est du pays. A 30 kms de là, à Jarnac Champagne, il existait à la même époque de très nombreux Archambaud, tous cultivateurs. Peut-on supposer que c'est l'un d'eux qui est venu se marier et se fixer à Bourg-Charente où la souche est unique?

Par ailleurs, sans que des liens de parenté puissent être établis, on trouve un certain nombre d'Archambaud dans les Charentes : un Archambeau, ancien garde-marine au Département de Rochefort en 1670, un Jean Archambaud, religionnaire fugitif de La Rochelle, emprisonné à Dieppe en 1692, tandis qu'il essayait de passer en Angleterre et dont les biens furent vendus à St Jean d'Angles, deux frères : Jean Archambaud, Maître serrurier et Pierre Archambaud, Maître canonnier royal du port de Rochefort vers 1760, un mousse : Jean Archambeau, mort à 12 ans sur la Frégate La Favorite à Saint-Domingue, sans parler du célèbre chanoine Itier Archambaud qui aida I'évêque Girard à construire la cathédrale d'Angoulême et dont le monogramme est gravé dans la pierre.

Si le nom est fréquent à cette époque, c'est qu'il a pour origine un prénom germanique (devenu Archibald en Angleterre, Arcimboldo en Italie), et qui signifie, mot à mot, " l'homme courageux (ou hardi) du terroir ". Répandu dans le Massif Central par les Germains (sans doute la descente sur Toulouse de l'armée de Clovis), il a été porté par de nombreuses familles, des plus illustres aux plus simples. En dehors des sires de Bourbon, fondateurs de Bourbon l'Archambault, des Comtes de Périgord et d'un certain nombre d'illustres prélats entre le 11ème et le 14ème siècle, dont les noms figurent dans les biographies, on trouve, à un niveau moins élevé, de nombreuses familles à porter ce nom sur le pourtour du Massif Central : en Bourbonnais, Nivernais, Berry, Poitou, Saintonge, Aquitaine et Périgord.

Bordeaux a connu sous ce nom, à tour de rôle, son 20ème archevêque, puis un martyr du protestantisme, né à Mazas, ami de Calvin, et brûlé à Paris. Il y existe encore une famille originaire du Périgord et avec laquelle, malgré une orthographe commune, aucun lien récent n'a pu être trouvé. L'orthographe ne s'est d'ailleurs fixée que tardivement. La nôtre est cependant constante depuis 1730 environ dans les actes de la paroisse.

François Archambeaud fit souche à Bourg-Charente. Son fils Jean, né avant 1650, était maître cordonnier et eut un fils Pierre ( mort en 1745), marchand, mari de Michelle Chapron. Ils eurent deux fils Jean et Pierre.

L'aîné Jean (1713-1763), après un premier mariage, épousa en 1745 Jeanne Tard, d'une famille de cultivateurs aisés, et en eut 4 fils et une fille. L'aîné Jean (1746-1809) est noté successivement comme aubergiste, marchand, agriculteur. En l'an VII, il signait comme agent municipal et fit quelques temps fonction de maire.

Le deuxième fils, Pierre né en 1747, dut se marier et mourir ailleurs car on ne le retrouve plus à Bourg-Charente.

Le troisième, Louis, mourut an bas âge.

Le quatrième, François, né en 1755, est notre aïeul.

Les registres paroissiaux, malgré la sécheresse des actes donnent un éclairage sur la physionomie de ce village.

La cure bat les records de longévité en la personne de l'Abbé Maillard, curé pendant 55 ans de 1732 à 1787, venant après les abbés de La Quintinie (1632) Derasson (1650), Jabouin (1688) et Dezon (1714).

La succession des actes fait apparaître la composition de la population : deux bourgeois dont un médecin : le sieur Bernard, un aubergiste, des laboureurs, quelques marchands, des gabarriers dont un est " gabarrier de la paroisse ", un tireur de scie, un tailleur, un marchand d'habits, parfois un militaire, le régisseur et l'escuyer du château.

Dans la campagne environnante, des hameaux encore nommés " chez le Tard ", "chez Chaperon", " chez Barraud ", " les Barbotins " sont aujourd'hui de grosses et riches métairies. On trouve tous ces noms dans notre généalogie et nos grands-mères étaient donc bien de cette terre.

Le pays a été très marqué par le protestantisme. Il y eut au moins 5 synodes à Jarnac de 1560 a 1681. A partir de la révocation de l'Edit de Nantes, les registres contiennent un certain nombre d'abjurations. On en note dans la famille Tard qui était certainement en grande partie protestante à en juger par les prénoms bibliques. Des Tard et des Faure étaient encore protestants à l'époque révolutionnaire. Par contre les Archambeaud étaient catholiques.

En 1714, Bourg-Charente eut la visite de Louis-Constant de Rohan, prince de Guéménée (les Rohan étaient seigneurs de Jarnac, et c'est Louis* de Chabot qui avait infligé le fameux coup à La Chataigneraie), venu parrainer deux jumeaux d'une famille Bonnet à laquelle il voulait du bien. Les deux marraines étaient -insigne honneur- l'une la tante et marraine de notre aïeule Jeanne Tard, l'autre Marie Barrau, tante de la première femme de Jean Archambeaud.

* : il s'agit en fait de Guy Chabot (1509-1584), baron de Jarnac, dit aussi " Chabot de Saint Gelais " du nom de sa mère, qui affronta le 10 juillet 1547 en duel François de Vivonne, seigneur de la Chasteigneraie. Ce dernier était reconnu comme l'un des meilleurs duellistes de son temps et avait été choisi par le dauphin futur Henri II pour le représenter à cette triste occasion. Malgré son infériorité " technique " et contre toute attente, Guy Chabot gagna le duel grâce à une " botte " apprise de son maître d'armes, le capitaine Caize, qui est restée dans la légende comme " le coup de Jarnac ". Guy Chabot fut par la suite sénéchal du Périgord et gouverneur de La Rochelle.
C'est l'arrière-arrière-petit-fils de Guy, Henri, qui épousa Marguerite de Rohan en 1645 et fonda la dynastie des Rohan-Chabot, princes de Léon. Le Louis qui visita Bourg-Charente en 1714 était sans doute le fils d'Henri.

Le château, du XVIème siècle, est habité en 1688 par un seigneur anglais dont l'écuyer, Pierre du Ville, est parrain d'une Marie Chapron, belle-sœur de Pierre Archambeaud, marchand. Par la suite il devient le siège de la seigneurie de Bourg-Charente. En 1767, le sire Pierre de Girac voit, par la faveur du Roi Louis XV, sa seigneurie érigée en marquisat. A cette occasion les "habitants et justiciables sont capitulairement assemblés" le 6 décembre 1767 devant la grande porte de l'église à la sortie de la messe par le notaire royal. Une vingtaine sont notés sur le procès-verbal. Parmi les signataires de l'acte, sous la signature du Sire de Girac, on relève les noms de Jean Archambeaud, marchand, de Pierre Archambeaud fils, François Foucaud, bourgeois, J.F. Fureaud, Instructeur de la jeunesse, Pierre Raby (1), meunier. L'assemblée, bon enfant, approuva l'arrêt et jugea que l'érection en marquisat était " convenable et avantageuse ".

(1) : François Raby est le parrain de François Archambeaud.

Nos anciens, vingt ans avant la Révolution, n'étaient donc pas tellement contestataires, à Bourg-Charente tout du moins, et la vieille monarchie y mettait des formes que les républiques ont oubliées.

A la même époque (1766) une Jeanne Rabby, de Bourg-Charente épousa un chirurgien de Segonzac nommé Masseteau. Le frère de la mariée, François Rabby est le parrain de François Archambeaud alors âgé de 11 ans. Est-il impossible d'imaginer que c'est ce contact avec un chirurgien qui incita François, cadet de la famille, à prendre ce métier quand il quitterait le pays ?

Jean Archambeaud (1713-1763) habitait sur le port près du pont actuel, et y avait son commerce. Lui et son frère Pierre paraissent relativement aisés. Leurs femmes, Jeanne Tard et Marie Faure, viennent de familles de paysans. Leurs signatures, souvent très bien écrites, figurent sur les actes à partir de 1675 et tout au long au XVIIIème siècle. Quatre membres de la famille sont enterrés dans l'église, dans les chapelles latérales : Pierre Archambeaud en 1745, Jean Archambeaud en 1763, Michelle Chapron, veuve de Jean*, en 1764, Marie Faure veuve de Pierre en 1769. Y furent également enterrés une Marie Perrier en 1690, la fille du meunier en 1737, Marie Bernard en 1737. Pour quelles raisons ? Les inhumations avaient lieu normalement dans l'ancien cimetière, autour de l'église. Des travaux récents ayant dégagé les abords de l'église, pour faire ressortir son architecture sur une pelouse, un ossuaire a été constitué plus à gauche, devant l'actuel presbytère. Entre l'église et cet ossuaire se trouvent donc les restes de tous nos ascendants, de 1650 à 1807.

* : Michelle Chapron était en fait veuve de Pierre et mère de Jean.

Vers 1755-60, époque de l'enfance de François, son père Jean achetait de temps à autre des parcelles de terre, tant pour arrondir son bien sur le port, que dans la campagne voisine. Quelques actes en subsistent aux archives.

Le village n'échappait pas aux commérages, voire à de petits scandales. Le frère aîné de François, Jean Archambeaud (né en 1746), avait pour femme Marguerite Sebilleaud. Sa sœur Marie Sebilleaud avait épousé Jacques de Larue, meunier, et devint veuve. Se conduisit-elle mal ? On l'ignore, mais on en parla... car le 20 janvier 1765 fut affichée à la porte de l'église le texte d'une transaction survenue entre elle et un certain Jean de Larue pour mettre fin au procès criminel qu'elle lui avait intenté en raison des injures graves, atrosses (sic) et diffamatoires répandues contre son honneur et sa réputation, et des vioIlances (sic) et voies de fait commises contre sa personne. Affichage sur 2 feuilles de 2 sols de papier timbré. Et quelques mois après, un autre Larue, meunier, était encore en procès contre Marie Sebilleaud.

A partir de 1783, le château est occupé par le Sire Cadenet* de Neuville, seigneur de Bourg, et intendant de la généralité d'Aquitaine. Pendant les guerres de la Révolution il devait servir de prison et les registres paroissiaux contiennent, vers l'an III, un certain nombre d'actes de décès de prisonniers, morts soit au château, soit à la maison d'arrêt : quelques Français, des Anglais et des noirs provenant de bâtiments capturés en course.

* : ou Le Camus de Neuville

Les Archambeaud paraissent avoir traversé sans dommage cette période. Les mariages et les naissances n'y succèdent normalement pour ceux qui sont restés au pays. En l'an VII, nous l'avons vu, Jean Archambeaud faisait fonction de maire. En 1807, il assistait à la mort de sa mère Jeanne Tard, le maire étant son cousin Jean Tard. Ses deux filles avaient épousé, l'une en 1790 le régisseur du château, Jean Dupuy, l'autre en 1793, le meunier Pierre Martin.

Au cimetière de Bourg-Charente, situé dans les collines au-dessus de l'église, on trouve encore les tombes d'une Jeanne Archambeaud (1810-1861) épouse de Henri Martin, meunier, et d'une Victoire Archambeaud (1823-1884) épouse de Pierre Porcheron. Ces deux femmes descendent vraisemblablement de Jean-Pierre Archambeaud fils de Pierre, le gabarrier. Des recherches plus approfondies permettraient sans doute de retrouver d'autres descendants des deux branches familiales de Bourg-Charente.

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